Sur mon compte Instagram (@marine.books), je partage ma vie de lectrice, mes coups de cœur littéraires, les livres que je lis en un rien de temps, ceux que j’abandonne au bout de quelques pages, ceux que j’achète sur un coup de tête, ceux que j’emprunte et puis ceux que je ne lirai jamais. Des lectures variées pour être transportée, pour pleurer, rire ou être déçue. Dernièrement, j’ai lu « Les Graciées » de Kiran Millwood Hargrave et c’est un coup de cœur absolu !

Les Graciées de Kiran Millwood Hargrave (2020 – Éditions Robert Laffont) est un roman historique vif et saphique que j’avais très envie de lire depuis sa sortie. Coup de chance : juste avant le second confinement, je me suis rendue à la médiathèque où je l’ai trouvé par hasard alors qu’il venait juste d’être ajouté au catalogue. J’ai rapidement commencé à tourner les pages de ce livre et en quelques jours je l’avais terminé. Son histoire sombre et passionnée m’a complètement submergée.

Le roman de Kiran Millwood Hargrave commence en Norvège, en 1617. Il suit Maren Bergensdatter, vingt ans, depuis son île de Vardø, alors qu’elle regarde une tempête soudaine qui submerge les pêcheurs piégés en mer. La plupart des hommes du village, y compris son père et son frère, sont noyés et les femmes doivent se débrouiller seules dans un monde isolé, face à l’océan, aux roches et aux conditions météorologiques dangereuses.

Trois ans plus tard, quand Absalom Cornet arrive avec sa réputaiton de brûleur de sorcières en Écosse et sa nouvelle épouse norvégienne, Ursa, les tensions montent sur l’île. Absalom et les bigottes du village sèment le trouble et des rumeurs de sorcellerie parmi les femmes : la tempête était-elle une catastrophe naturelle ou l’œuvre d’une malédiction ? Il voit le mal dans cette communauté de femmes laissées sans hommes pour les guider. À mesure que les tensions montent, la violence s’intensifie et la survie devient encore plus difficile ces femmes indépendantes, mais aussi pour Ursa, qui rencontre un nouveau mode de vie difficile et qui se fera aider par Maren d’une manière qu’aucune d’elles n’avait anticipé…

Les Graciées est un roman brut à l’écriture poétique, radicale et immersive. Certaines descriptions de paysages sont captivantes, nous plongeant complètement dans la vie sombre, dangereuse et instable de ce village avec une clarté étonnante. Le livre est basé sur l’histoire vraie de la tempête de Vardø et des procès de sorcières des années 1620. Sa violence tragique perpétrée contre les femmes est troublante et parfois difficile à lire, pourtant, racontée du double point de vue de Maren et Ursa, c’est aussi une puissante histoire de résilience.

Les personnages de Maren et Ursa sont toutes les deux prises au piège sans le savoir dans un monde dominé par les hommes où leurs vies ont été tracées dès la naissance. Cependant, elles s’éloignent de ces chemins dictés en se rapprochant l’une de l’autre, en devenant des alliées, même si cela implique de s’isoler du reste du village et des membres de leurs familles. L’autrice capture parfaitement le chaos de cette relation entre la peur de perdre sa vie et le soulagement de trouver une alliée et un endroit sûr chez une autre personne.

Les Graciées n’est pas un livre glamour comme un roman de Sarah Waters, c’est sombre et brut, pourtant je le recommande absolument. Je le recommande à la fois pour son écriture magnifique mais aussi pour la relation lesbienne pleine de petits moments ordinaires qui transmettent une passion plus profonde. Je le recommande pour la paix que les deux femmes trouvent alors qu’elles sont exposées à un paysage impitoyable envahi d’accusateurs dangereux. Je le recommande parce qu’il provoque un crescendo incroyablement émotionnel.

À lire absolument !

⭐️  Note : 09/10